Édition du jeudi 10 octobre 2002
Mendicité, gens du voyage, prostitution... : «Je suis prêt à accepter des amendements y compris de la gauche», indique le ministre de l'Intérieur aux maires de grandes villes
Reçue par le ministre de lIntérieur Nicolas Sarkozy, une délégation de lAssociation des maires de grandes villes a reçu plusieurs réponses aux questions quils lui ont posées.
Selon leur communiqué diffusé hier, interrogé sur la question de lhébergement des gens du voyage, le ministre a précisé quil accepterait des amendements à la loi Besson pourvu que lon conserve lesprit de celle-ci.
Sur le problème de l'accueil des réfugiés et des demandeurs d'asile, le ministre a rappelé qu'il avait pris publiquement position contre «l'immigration zéro» et que la France avait besoin d'immigration mais quil fallait «organiser les flux».
«Il ny a pas de réforme parfaite, j'essaie de résoudre les problèmes étape par étape», a-t-il encore indiqué en réponse aux questions des maires sur l'exercice de la prostitution sur la voie publique et la situation dramatique des prostituées. "Je ne prétends pas régler tous les problèmes et je propose de faire un bilan annuel de l'application des mesures qui seront adoptées", a-t-il ajouté.
Aux questions des maires de grandes villes qui soulignaient que les arrêtés qu'ils ont été amenés à prendre - pour certains sur la mendicité agressive - étaient un "cri dalarme", le ministre a répondu qu'il souhaitait sen prendre d'abord à ceux qui exploitent la mendicité et que, là aussi, il accepterait des amendements - d'où quils viennent - aux mesures qu'il proposait. «Sur toutes ces questions, quil s'agisse de la mendicité, des gens du voyage, de la prostitution, de l'accueil des réfugiés, je suis prêt à accepter des amendements y compris de la gauche, a-t-il confirmé, car jai besoin qu'on fasse un bout de chemin ensemble».
Les élus ont insisté, par ailleurs, sur la nécessité d'avoir une excellente articulation entre l'État et les collectivités territoriales pour appliquer la loi de 1905 sur la laïcité et lorganisation de l'Islam en France. «On a besoin de travailler ensemble pour faire une lecture contemporaine de la loi», ont-ils affirmé.
«Il est fondamental que l'on reste dans le cadre de la République», a souligné Nicolas Sarkozy, en évoquant les risques que font courir à celle-ci certaines organisations. La priorité est d'organiser l'Islam de France et non l'Islam en France avec une instance nationale où les femmes seront représentées et des instances régionales pour résoudre les problèmes locaux. «Je vous donnerai les moyens de traiter les attestations d'accueil», a-t-il promis en réponse aux questions des maires.
Ces derniers ont par ailleurs demandé «avec force» que le monde urbain soit présent dans le débat sur la réforme de la décentralisation et les assises régionales qui vont se dérouler au cours des prochaines semaines. «Nous engageons une réflexion sur la réforme de l'État et la réforme de la décentralisation, lesquelles sont indissociables", a souligné Jean-Marie Bockel, leur président, pour qui il existe deux pôles très forts dans la dynamique des territoires, la région et l'agglomération.
«Le monde urbain représente 80 % des problèmes de société. Ce que nous venons d'examiner le prouve abondamment. Il faut tenir compte de ce que disent les maires de grandes villes. Les agglomérations ne doivent pas être oubliées», leur a répondu le ministre.
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